Le Régime Carnivore
Le régime carnivore à connu un gros regain d’intérêt ces dernières années. Ce régime à priori simple d’approche semble en effet avoir de nombreux bénéfices. Mais qu’en est-il vraiment.
Les régimes carnivore
Le régime carnivore est un régime qui a gagné en popularité ces dernières années au même titre que les régimes paléo et cétogène.
Dans son essence, le régime carnivore est aux antipodes des régimes végétariens. Là où les régimes végétariens visent à consommer un maximum de produits d’origine végétale, les régimes carnivores visent à consommer principalement des produits d’origine animale. Un carnivore va donc manger de la viande, des abats, du poisson, des crustacés, des oeufs et des produits laitiers.
On va cependant trouver des extrémismes, comme dans tous régimes. Le régime du lion par exemple se centre uniquement sur la consommation de viandes et d’abats de ruminants.
Cependant, plus les sources animales sont variées, et plus les apports en nutriments et autre éléments essentiels seront variés eux aussi. Un régime trop restrictif va nécessiter l’ajout de compléments alimentaires pour apporter les éléments qui feraient défaut.
Les bienfaits du régime carnivore
L’une des raisons principales pour laquelle de nombreuse personnes se tournent vers un régime carnivore est pour améliorer leur santé.
Pour de nombreuses personnes, l’élimination des glucides et des plantes de leur alimentation leur permet de réduire l’inflammation de leur organisme. Certaines personnes auraient ainsi réduit ou fait totalement disparaître certains problèmes de santé tels que le psoriasis ou l’asthme en suivant ce genre de régime.
En effet, le sucre, et plus généralement les glucides, sont suspectés d’être la source de beaucoup de problèmes de santé de notre quotidien : surpoids, diabète, problème cardio-vasculaires, … de par leur trop grande richesse dans notre alimentation quotidienne (voir mon article sur les dangers du sucre). C’est la raison pour laquelle de nombreuse personnes se tournent vers des régimes cétogènes bas en sucre.
Mais de façon similaire, certaines personnes suspectent certains composés présents dans les plantes (lectines, oaxalates, …) (réfs. 3, 4) d’avoir aussi une certaine toxicité pour notre organisme et ainsi d’avoir aussi des effets inflammatoires.
Le régime carnivore sert donc pour beaucoup de base pour un régime d’élimination. Les pratiquants vont chercher à faire disparaître leur inflammation en suivant ce régime pendant plusieurs mois ou années, puis vont progressivement faire revenir certains autres produits végétaux dans leur alimentation pour trouver celui ou ceux qui sont à la source de leur inflammation.
Certaines personnes finissent aussi par adopter ce régime définitivement, mais les effets sur le long terme de ce genre de régime restent méconnus, même si on commence à trouver des témoignages de personnes ayant suivi ce genre de régime pendant plus de 20 années.
La science autour du régime carnivore
Actuellement, il existe peu d’études et de preuves scientifiques sur le sujet. Une étude (réf. 6) à cependant fait un premier bilan des aspects positifs et négatifs de ce régime auprès d’environ 2000 pratiquants.
De façon générale, moins de 3% des personnes consultées indiquent avoir eu des effets négatifs suite à l’adoption de ce régime, et plus de 66% rapportent avoir constaté des effets bénéfiques sur la santé en général, la faim, l’énergie, la clarté mentale et la concentration, la force et l’endurance, le sommeil, les maladies chroniques et la mémoire.

Si l’on fait exception des problèmes de cholestérol, ophtalmologiques et oncologiques, 80% des personnes concernées par les problèmes suivants estiment avoir vu leur problème disparaitre (pour presque 40%) ou s’améliorer : surpoids ou insuffisance pondérale, hypertension et problèmes cardiovasculaires, diabète et insulinorésistance, problèmes gastro-intestinaux, hormonaux, d’auto-immunité, musculo-squelettiques, neurologiques, cognitifs, psychiatrique, respiratoires, urologiques, dermatologiques et hématologiques.
Bien sur, ces informations sont pour le moment à prendre avec précaution car elle sont rapportées par les pratiquants pour la majorité et non constatées scientifiquement, et trop peu d’études les confirment. Il faudra donc attendre des études complémentaires pour se lancer sans risque sur cette voie.
Des points à surveiller
En effet, de nombreuses zones d’ombre planent sur l’impact de ces régimes sur notre organisme.
Dans un premier temps, il y aurait les carences en certains nutriments essentiels du fait du manque de variété de l’alimentation. Toucher à tous les genres de produits d’origine animale semble être la meilleure façon de limiter ce problème, mais celui-ci nécessite tout de même d’être surveillé.
Il y a ensuite les troubles du transit intestinal. La viande met plus de temps à être digérée par notre organisme ce qui peut par conséquent entraîner des phénomènes de constipation si celle-ci constitue l’essentiel de l’alimentation. Là encore, varier les source de son alimentation aiderait à résoudre le problème, ainsi que la consommation de viande grasse plutôt que maigre, la saturation en gras contribuant aussi au passage des aliments.
Comme pour tout régime, il est aussi essentiel d’éviter les abus. Certains organes étant riches en certains nutriments, leur surconsommation va entraîner un surdosage de ces nutriments dans notre organisme et ainsi avoir un effet toxique.
Régime carnivore, risques de cancer et problèmes cardio-vasculaires
Des questions se posent enfin sur les risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires.
Au niveau cancer, de nombreux cas cliniques tendraient à montrer que sur ce point là, les régimes carnivores seraient plutôt un atout et pourraient aider à leur élimination. Mais d’autres études font aussi le lien entre cancer et consommation de viande (réfs. 1, 2). Donc c’est un point sur lequel il faut rester vigilant.
Au niveau des risques cardio-vasculaires, les avis sont là aussi tranchés. La consommation de viandes grasses et de certains produits d’origine animale entraîne une augmentation du taux de LDL. Ce « mauvais » cholestérol (voir cet article pour en apprendre plus sur le cholestérol) est depuis longtemps soupçonné d’être la cause de l’athérosclérose et ainsi des risques de cardio-vasculaires (crises cardiaques, …). Mais des études récentes tendent aussi à montrer que le cholestérol ne seraient pas forcément la cause, mais plutôt l’inflammation. De nombreux pratiquants du régime carnivore font état de taux de LDL au delà des limites recommandées et pourtant rapportent en tirer des bénéfices sans toutefois augmenter leurs risques de problèmes cardiaque. La raison en serait les niveaux bas en sucre qui éviteraient l’oxydation des LDL, mais là encore il convient de rester vigilant car nous en savons au final encore peu sur le sujet.
Suivre un régime carnivore
En premier lieu, il convient d’avoir un avis et un suivi médical si vous souhaitez suivre ce genre de régime. Il vous faudra vous assurer que vous avez des taux suffisants en éléments essentiels et potentiellement corriger votre régime ou prendre des suppléments pour éviter les carences.
Lees produits d’origines animale, tout comme les autres produits, sont aussi victimes de l’industrialisation de notre chaîne alimentaire. Il convient donc de faire attention à l’origine et à la composition des produits que vous achetez. Le mieux est d’acheter des produits bruts d’origine sauvage ou élevés à l’état sauvage pour éviter les additifs et autres antibiotiques.
Attention à la charcuterie. Celle-ci peut sembler être une option séduisante et pratique, mais c’est un produit transformé (donc potentiellement riche en additif et surgras) et riche en sel.
Mon avis au final est que ce genre de régime peut être une bonne option sur une période limitée de temps afin d’essayer de lutter contre une maladie inflammatoire avant de revenir plus vers un régime cétogène. Il me semble toutefois que l’on manque de recule d’un point de vue scientifique pour pouvoir juger des effets au long terme de ce genre de régime. Et quoi qu’il en soit, je me répète, il convient d’avoir un suivi médical régulier pour contrôler la bonne réponse de votre organisme à ce régime.
Cet article est purement informatif et ne constitue en aucun cas un avis médical. Consultez un professionnel de santé avant de vous lancer dans un régime afin de valider que celui-ci ne représente aucun danger pour votre santé.
N’hésitez pas si vous avez des commentaires ou questions. Je vais de mon côté continuer à réviser et enrichir cet article en fonction de mes pérégrinations sur la voie de la bonne santé et du bien vieillir.
Stéphane
Références:
- High-meat diets and cancer risk, mai 1999
- Risk of cancer in regular and low meat-eaters, fish-eaters, and vegetarians: a prospective analysis of UK Biobank participants, février 2022
- Lost Seasonality and Overconsumption of Plants: Risking Oxalate Toxicity, 2017
- Dietary Lectin exclusion: The next big food trend?, juin 2019
- Halted Progression of Soft Palate Cancer in a Patient Treated with the Paleolithic Ketogenic Diet Alone: A 20-months Follow-up, 2016
- Behavioral Characteristics and Self-Reported Health Status among 2029 Adults Consuming a “Carnivore Diet”, décembre 2021